Imprévisible, Lana Del Rey a réussi à s’imposer en prouvant qu’elle ne se complaisait pas dans la facilité. La chanteuse s’autorise, plus que jamais, à faire ce que bon lui semble. Et le succès est au rendez-vous. Son neuvième album, "Did you know that there's a tunnel under Ocean Blvd", sorti ce vendredi 24 mars, est déjà au sommet des charts anglais. À l’origine de cette hype, il y a un coup marketing habile. Pour teaser sa sortie, l’interprète de "Summertime Sadness" n’a pour ainsi dire pas fait de promo, achetant un seul panneau publicitaire sur tout le territoire américain mais pas n’importe où. La chanteuse a en effet choisi la ville de Tusla, dans l’Oklahoma, où vit son ancien compagnon. De quoi assouvir manifestement une petite vengeance personnelle.
Avant la sortie de l’album, Lana Del Rey avait dévoilé trois morceaux poignants : "Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd" (chanson-titre), "A & W" et "The Grants". De quoi préparer la diffusion d’un neuvième album attendu. Celle que le magazine Rolling Stone a désignée comme "meilleure autrice-compositrice de notre siècle", propose dans ce "Tunnel under Ocean Blvd" 78 minutes de pureté instrumentale, travaillée autour de 16 pistes.
Un album introspectif et très personnel
L’opus fait une rare unanimité auprès du public et de la presse, à commencer par le New York Times qui a attribué tous les superlatifs possibles et imaginables à l’album. "Elle est devenue une sirène musicale, capable de respirer aussi facilement à la surface que dans les profondeurs les plus sombres de l'océan". Rien que ça.
Il faut dire que la chanteuse de 37 ans impressionne ici avec ses sonorités gospel, rock ("Let the Light In"), country ou hip-hop ("Fishtail"), ses auto-références subtiles à sa discographie (elle reprend son titre Venice Bitch sur le morceau "Taco Truck x VB") et ses collaborations inattendues comme la rappeuse canadienne Tommy Genesis ("Peppers"). D'une sincérité bluffante, elle se livre sur son enfance, ses relations familiales mais aussi sur ses facettes plus sombres, à la manière d’un journal intime. Lana Del Rey intitule par exemple un titre "A&W" (pour "American Whore") en expliquant la misogynie dont elle est victime en tant que femme - non mariée et sans enfant - dans l'industrie musicale. Le fond et la forme.