Une adolescence contestataire
La jeunesse de Daniel Balavoine est un roman à elle seule : du divorce de ses parents alors qu'il n'a que six ans, à son passage en pensionnat suite à la mutation de son père à Tizi Ouzou en Algérie, le jeune homme a grandi dans une fratrie mouvementée avec un goût marqué dès son plus jeune âge pour la rébellion. Au pensionnat, il découvre les Beatles qui lui donnent le goût de la musique plutôt que de la religion. Lorsqu'il part à Pau pour ses études de lycéen, il découvre la ferveur de Mai 68 auquel il prend part, embrassant un temps la carrière d'homme politique. En décembre de la même année, il plaque ses études et décide de se lancer dans la musique dans des groupes locaux comme Réveil, Shake's ou Purple Eruption. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, le folk engagé de Bob Dylan est une de ses influences majeures.
Le temps des groupes et des tâtonnements
Après quelques années sur la scène paloise, il monte sur Paris en 1971, mais ne s'y installe pas, préférant revenir dans sa ville pour intégrer brièvement le groupe Présence. Assez confidentiel, Présence jouit cependant d'une petite réputation sur la scène du rock progressif, ce qui lui permet d'auditionner et décrocher un contrat en solo pour la maison de disques Vogue. Dans le même temps, son groupe s'engage chez Warner, ce qui pousse Balavoine à quitter la formation (qui ne sortira qu'un album et se séparera l'année d'après). Il laisse derrière lui un 45 tours avec Présence, "Le Jour s'est levé", qui passe totalement inaperçu et s'écoule à moins de 250 exemplaires. Chez Vogue, il sort son premier 45 tours solo, intitulé "Viens vite". Malheureusement pour lui, ce sera également un échec cuisant qui le pousse à claquer la porte de Vogue pour cause de divergences créatives.
Les premiers échecs et les années de galère
Les années suivantes, Daniel Balavoine les passera surtout dans l'ombre des projecteurs. Tout d'abord comme choriste : avec son frère Guy, il intègre le casting du premier opéra rock français adapté de la Révolution française par Claude-Michel Schönberg. Les deux frères y jouent des membres du clergé relégués dans l'ombre de quelques grands noms de la chanson française, comme Antoine, Alain Bashung, Jean Schultheis ou encore les Martin Circus. Puis ce sera pour Patrick Juvet pour sa tournée en 1974, sur le morceau de sa compagne de l'époque Catherine Ferry à l'Eurovision 1976 ("Un, deux, trois") ou encore sur "Roman-photos", le premier album de Bashung. C'est cependant grâce au premier qu'il fera deux rencontres décisives pour sa carrière : l'ingénieur du son Andy Scott, qui travaillera sur tous ses albums, ainsi que le producteur Léo Missir. Séduit par la voix de Balavoine, il lui offre un contrat de trois albums chez Barclay. Les deux premiers albums seront cependant des échecs commerciaux cinglants. "De vous à elle en passant par moi" ne dépasse pas les 5 000 ventes et est désavoué par le chanteur, qui le trouve trop frivole. Le suivant, "Les Aventures de Simon et Gunther..." est un retour à ses années de rock progressif sous fond de Guerre froide et de Mur de Berlin. Sorti à l'époque où le genre, passé de mode, est supplanté par le disco, l'album se vend deux fois moins que le précédent.
Une carrière sauvée par Michel Berger
Le légendaire producteur Eddie Barclay, agacé par ces échecs, met Balavoine au pied du mur et menace de rompre son contrat. Par chance, un morceau de "Simon et Gunther", "Lady Marlène", parvient à passer de temps en temps à la radio et à la télévision. Parmi les gens qui découvrent Balavoine à cette époque, un certain Michel Berger cherche un chanteur à la tessiture aiguë pour l'un des rôles-titres de sa comédie musicale à venir, "Starmania". Il l'invite à passer une audition et Balavoine deviendra Johnny Rockfort pour la postérité. Et le troisième album du chanteur chez Barclay ? Ce sera son premier carton en solo, "Un autre monde", qui lui offre, en novembre 1980, ses premiers tubes inoubliables : "Mon fils ma bataille", "La Vie ne m'apprend rien", "Je ne suis pas un héros"...