Daniel Balavoine : ses plus grands coups d'éclat médiatiques

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Si Daniel Balavoine est devenu l'un des chanteurs les plus aimés du public dans les années 80, c'est autant grâce à sa voix inimitable qu'à sa forte personnalité et à son engagement permanent.

19 mars 1980 : Balavoine porte-parole de la jeunesse devant François Mitterrand

Avec le billet de banque brûlé par Serge Gainsbourg, il s'agit probablement du plus célèbre coup de gueule politique d'un chanteur à la télévision française. Le 19 mars 1980, Daniel Balavoine est l'invité du journal de 13h d'Antenne 2 présenté par Patrick Lecocq. Ce jour-là, l'émission reçoit cependant un invité de marque : François Mitterrand, en campagne pour l'élection présidentielle qu'il remportera l'année suivante. L'entretien s'éternise, et le chanteur, qui vient à peine de sortir l'album qui va le propulser au sommet de la chanson française, "Un autre monde", comprend qu'il n'aura pas le temps de parler de ce qui lui tient à cœur : la situation précaire de la jeunesse française. Balavoine, alors âgé de 28 ans, quitte le plateau avec fracas avant de revenir pour se lancer dans une diatribe contre le système médiatique, les élites, les "marchands de sommeil"... L'irruption de ce moment d'impromptu dans le cadre cadenassé de la télévision de l'époque (la réponse de Mitterrand sera coupée par la régie faute de temps) contribue à forger l'image de rebelle associée à Daniel Balavoine, ado élevé à la contestation pendant Mai 68.

Septembre 1983 : Balavoine imagine les Restos du cœur avant l'heure

Au cours de l'élection présidentielle de 1981, Balavoine apporte son soutien à la campagne provocatrice (et finalement avortée) de Coluche. Il faut dire que les deux hommes partagent un regard commun, grinçant et désabusé sur le monde politique de leur temps, mais aussi un véritable engagement auprès des plus démunis. À l'automne 1983, le chanteur, devenu un bon client des plateaux de télévision, se transforme en chroniqueur radio pour quelques semaines sur une radio parisienne. Au cours d'une de ses pastilles, il lance l'idée d'une "banque alimentaire mondiale" qui redistribuerait aux populations les plus démunies les invendus des pays riches. L'idée provoque moqueries et quolibets, à l'exception d'une personne : Coluche. Deux ans plus tard, l'humoriste lance son fameux appel à la générosité qui devient l'acte fondateur des Restos du cœur. Balavoine est un des premiers à répondre à l'appel, au point d'être nommé premier parrain de l'association le 14 décembre 1985. Soit à peine un mois avant son décès tragique sur le Paris-Dakar...

23 octobre 1983 : la colère froide antimilitariste

Le 23 octobre 1983, en pleine Guerre du Liban, Beyrouth est secouée par deux attentats suicides. Le premier touche l'aéroport de la ville, causant la mort de 241 soldats américains. Le second touche le poste Drakkar, un immeuble du centre-ville occupé par l'armée française, qui perd ce jour-là 58 parachutistes. Parmi les nombreux Français déployés dans le pays, Yves, le frère de Daniel Balavoine. Le chanteur est, coïncidence, l'invité ce soir-là de "7 sur 7" sur TF1. Interrogé sur l'attentat par Jean-Louis Burgat, il se lance dans une diatribe à fleur de peau contre l'armée et les gouvernements qui ont conduit à ces guerres avec en point d'orgue un "J'emmerde les anciens combattants !" resté célèbre. La séquence crée le scandale, au point que le chanteur se voit obligé d'annuler certains passages télévisés et concerts sous la pression d'associations d'anciens combattants.

6 novembre 1985 : Balavoine répond au racisme

Parmi les grands combats de Daniel Balavoine, l'antiracisme reste l'un de ses chevaux de bataille, surtout en cette année 1985 où le chanteur sort son dernier album, "Sauver l'amour", porté par l'immense succès de "L'Aziza". Récompensé du Prix de la chanson antiraciste par l'organisation SOS Racisme, dont il était un adhérent de la première heure, Balavoine assiste en parallèle à l'émergence du Front national aux élections européennes l'année précédente. Et il n'hésite pas à répondre à ses supporters, en témoigne l'échange musclé par téléphones interposés qu'il engage avec un électeur frontiste sur le plateau de "Direct" animé par Philippe Gildas sur Canal+.