On dit souvent que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Le nouvel album des « Rolling Stones », qui vient d’être dévoilé ce vendredi 20 octobre, ne donne pas tort à l’adage !
« Hackney Diamonds » est le 24ème album studio du groupe dirigé par Mick Jagger et Keith Richards. 18 ans après « A Bigger Bang », les britanniques délivrent un album de rock parfaitement au gout du jour. Les deux singles révélés avant la sortie, « Angry » et « Sweet Sounds of Heaven », représentent à merveille la variété de sonorités et de styles dont les diamants d’Hackney ont usé.
Les morceaux très rocks comme « Bite My Head Off » ou « Angry » se la jouent un peu garage-rock, ou indie-rock, ce qui offre un véritable vent de fraicheur et de légèreté à l’ensemble de l’album. « Whole Wide World » est un exemple parfait. Le solo de Keith Richards sur le morceau use des effets de chorus et de distorsion qui sonne tout sauf comme les solos lisses et un peu ennuyeux au sujet desquels le 15ème meilleur guitariste du monde est parfois critiqué.
Dans l'ensemble, la voix de Mick Jagger est franchement impressionnante. Le chanteur ne semble pas être soumis aux effets de l’âge, qui, au lieu de l'amoindrir, lui offre ce léger grain très charmant.
Les titres énergiques sont entrecoupés par des ballades plus apaisantes et émotionnelles. « Depending On You » et son magnifique solo slide-guitar ou « Dreamy Skies » et son émouvant harmonica embrassent parfaitement l’héritage blues du groupe créé en 1962. Un héritage respecté, puisque l’album se conclut sur une interprétation très fidèle de « Rollin' Stone » du grand Muddy Waters. C’est de ce titre que vient d’ailleurs le nom du groupe !
Des collaborations discrètes mais efficaces
Les collaborations de l’album étaient très attendues. La liste prestigieuse des invités a suscité beaucoup d’intérêt, et elle ne déçoit pas.
Les fans ont pu découvrir le featuring avec Lady Gaga et Stevie Wonder lors de la sortie du single « Sweet Sounds of Heaven ». Une collobaration très réussi, la voix teintée de gospel de la chanteuse new-yorkaise et les accords de clavier bluesy de Wonder sont une démonstration de l’ouverture des Stones sur des sonorités alternatives.
Elton John s’est, lui, fait assez discret sur « Get Close », presque trop discret même. Il se rattrape en donnant une belle coloration pop à un morceau pourtant assez rock : « Live By The Sword ». Ce morceau a d’ailleurs été l’occasion pour les fans de la première heure d’écouter la basse de Bill Wyman, le bassiste original de la bande, qui a décidé de faire cavalier seul.
Sur « Bite My Head Off », le rival des Stones : Sir Paul McCartney s’est amusé en posant une basse ultra saturée d'effets. Le son déployé était assez inattendu de la part du boss des Beatles, mais ajoute une toute autre dimension au morceau.
Un album en hommage à Charlie Watts
Steve Jordan est aux baguettes sur la quasi-intégralité de l’album, et délivre une performance remarquable. Le percussionniste remplaçant est devenu titulaire suite au décès tragique de Charlie Watts survenu en août 2021.
Le batteur emblématique des Stones a tout de même laissé son empreinte et ses rythmes sur deux morceaux : « Live By The Sword » et « Mess It Up ». Les ingénieurs son ont d’ailleurs décidé sur ce dernier de pousser le volume de la batterie à fond. Le kick régulier de Charlie dicte absolument tout le reste du morceau. Près de deux décennies après leur dernière création, les Stones puisent dans leurs racines blues et convoquent les gardiens du temple sans tomber dans la nostalgie d’un monde révolu. A l’image de l’énergie déployée par Mick Jagger et sa bande, « Hackney Diamonds » rayonne.