"Il suffira d'un signe" : le premier succès de Goldman

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"Il suffira d'un signe", selon le titre du premier grand succès du chanteur, mais il suffit d'une chanson à ce dernier pour entrer immédiatement dans le cœur des Français.

La frustration de la fin de l'aventure Taï Phong

À l'origine d'"Il suffira d'un signe", il y eut la fin de l'aventure Taï Phong. Ce groupe de rock progressif fondé par Khanh Maï et Taï Sinh, tous deux d'origine vietnamienne, est l'un des plus populaires du genre dans les années 70 notamment grâce à leur plus gros succès, "Sister Jane" (200 000 exemplaires écoulés). Influencés par leurs homologues anglo-saxons, les membres du groupe écrivent et chantent en anglais. La situation ne satisfait pas Goldman, qui préfère manier la langue de Molière. Après avoir refusé de prendre part à la dernière tournée du groupe en 1978, il quitte Taï Phong l'année suivante, conduisant à sa séparation. À cette époque, il fait la connaissance de celui qui deviendra son producteur fétiche, Marc Lumbroso. C'est ce dernier qui le convainc de signer pour cinq disques sur le label Epic, alors que Goldman voulait à l'époque délaisser le chant pour être simplement auteur-compositeur. Ce n'est que par obligation, ses compositions ne trouvant pas preneur, qu'il décide également de les interpréter.

Un anti-tube au démarrage poussif

Le premier de ces albums, connu sous le nom officieux de "Démodé", garde quelques traces de l'héritage progressif de Jean-Jacques Goldman, notamment son goût pour les pistes longues. L'une d'entre elles, qui dure près de six minutes, devait être à l'origine une chanson d'espoir inspirée par la situation de l'Iran après la Révolution de 1979. Composée pour une jeune chanteuse que Lumbroso souhaitait lancer par l'intermédiaire de l'émission "Le Jeu de la chance", "Il suffira d'un signe" est choisie par le chanteur pour être le premier single de son premier album. Le choix est pourtant loin d'être une évidence au premier abord. Ce morceau de six minutes, qui s'appelle à l'époque simplement "Il suffira" n'a formellement rien d'un tube et s'avère beaucoup trop long pour convaincre les programmateurs de radio. Le single sort le 11 octobre 1981 dans l'anonymat total.

Un succès arraché avec abnégation

Les débuts d'"Il suffira d'un signe" sont très compliqués, le morceau ne trouvant pas son public et stagnant dans les charts pendant plus de quatre mois. Néanmoins, la chanson a ses défenseurs, qui croient dur comme fer à son potentiel.  Le 9 mai 1982, "Il suffira d'un signe" devient même numéro un des ventes. Il s'en vendra au final plus de 400 000 exemplaires, lançant la carrière de Jean-Jacques Goldman, qui restera un fidèle de la radio qui l'a lancé, lui réservant souvent la primeur de ses très rares interviews.