Lewis Capaldi, un roi de l'autodérision
Arriver aussi jeune et grimper aussi vite les marches de la célébrité peut avoir quelque chose de grisant pour une star de la chanson. Lewis Capaldi, lui, a une méthode bien particulière pour garder les pieds sur terre : l'humour, et particulièrement l'autodérision. L'interprète de "Someone You Loved" en a même fait un art de vivre, et même un moteur d'inspiration créative, lui que l'on connaît davantage pour ses ballades intimistes sur les peines de cœur. Ce sens de l'ironie, que l'on retrouve jusque dans le titre à rallonge de son premier album "Divinely Uninspired to Hellish Extent" ("En divin manque d'inspiration dans des proportions infernales"), le chanteur l'avait expliqué dans une interview à la BBC au moment de la sortie de l'album en 2019 : "Parfois j'ai envie de parler de déboucher des toilettes, et à d'autres moments, j'ai des pensées et des sentiments plus profonds. Et il se trouve qu'il est beaucoup plus facile pour moi d'écrire sur mes émotions que sur mes toilettes à déboucher". Et s'il est un lieu où l'humour de Lewis Capaldi s'épanouit plus encore qu'ailleurs, c'est sur ses réseaux sociaux !
Un artiste des vidéos virales
Capaldi est notamment un roi des stories Instagram, ces séries de courtes vidéos auxquelles ont accès ses plus de cinq millions d'abonnés. Parmi les sujets qui ont pu le plus fait rire ses abonnés, on y retrouve des sujets de son quotidien comme son addiction aux lunettes de soleil, l'évolution de sa rapide fortune ou encore un périple mémorable à travers les rues de Los Angeles à la recherche… d'une brosse de toilettes (encore et toujours) pour sa chambre d'hôtel. Son humour absurde et plein d'ironie, Lewis Capaldi en a fait une arme marketing : pour la sortie de "Divinely Uninspired to Hellish Extent", le chanteur avait partagé sur son compte Twitter l'affiche promotionnelle réalisée pour l'occasion et affichée dans le métro londonien. On pouvait l'y voir, sur une photo grossièrement détourée (volontairement), immortalisé à la sortie de sa douche avec une légende le comparant au "Beyoncé écossais".
Et ce n'est pas sa notoriété soudaine qui le fera calmer ses ardeurs, comme en témoigne sa performance au mythique festival de Glastonbury en 2019. Alors qu'il avait été insulté en interview quelques jours plus tôt par Noël Gallagher, le génial, mais taciturne leader d'Oasis, l'Écossais avait repris la vidéo pour introduire son concert, arrivant sur scène dans un t-shirt à l'effigie de Gallagher.
Une revanche sur les moqueries
Si le chanteur est à ce point dans la vie et sur scène à l'opposé de la tonalité très sombre de ses chansons, c'est aussi une manière pour lui de se confronter à ses propres insécurités. Pour celui qui a parfois l'habitude de parler en des termes très durs et de s'amuser sur ses réseaux des propos de ses "haters", l'humour est une arme contre la mélancolie, les peines de cœur qu'il a pu chanter, mais aussi une adolescence et une puberté compliquée. Victime dans sa jeunesse de crises de panique, il s'est d'ailleurs engagé dans ses concerts à mettre en place des structures afin d'accueillir plus aisément les personnes victimes elles aussi d'agoraphobie et de crises de panique. Car comme souvent chez les meilleurs clowns, le rire cache parfois une tristesse enfouie.