"Madonna"
Lorsqu'elle entre en studio pour son premier album en 1982, Madonna n'est encore qu'une débutante sur la scène new-yorkaise, où elle alterne entre le hard rock, avec son petit ami de l'époque Stephen Bray au sein du groupe The Breakfast Club, et le funk. Sous l'impulsion de DJ Mark Kamins, le premier à diffuser son premier tube "Everybody" à la Danceteria, mythique night-club new-yorkais, elle décroche un premier contrat avec le label Sire Records. Le succès d'"Everybody" débouchera sur l'enregistrement de son premier album éponyme. Épaulée par le musicien et producteur Reggie Lucas, qui la convainc de s'orienter vers un style plus pop, la Madone signe ce qui s'avéra être l'album précurseur de la dance-pop, qui marquera la décennie 1980 dans son ensemble. Porté par des singles qui deviennent tous des tubes un par un ("Burning Up", "Lucky Star", "Borderline" et surtout "Holiday"), l'album "Madonna" confirmera le succès du premier morceau de la chanteuse et l'établit directement comme une des nouvelles stars à dominer sa génération. Il se vend à plus de dix millions d'exemplaires dans le monde, dont la moitié rien qu'aux États-Unis, et atteint le top 10 des ventes en France.
"Like a Virgin"
Ce n'est cependant que le début du phénomène Madonna qui explosera définitivement quelques mois plus tard, sous l'impulsion d'une chanson culte : "Like a Virgin". Associé autant à la voix langoureuse de Madonna qu'aux paroles suggestives du duo Tom Kelly/Billy Steinberg et au "hook" mythique du refrain composé par le légendaire Nile Rodgers, le morceau est une déflagration qui choque l'Amérique puritaine, érige la star en idole de la nouvelle génération et l'établit au rang d'icône de la pop culture. Mais "Like a Virgin", c'est aussi "Angel", "Dress You Up" et surtout "Material Girl", qui façonnera plus que n'importe quel autre morceau l'image de Madonna. Bien aidé par le succès au cinéma de "Recherche Susan désespérément" (l'album ressort en juillet 1985 complété par "Into the Groove", que la star interprète sur la bande-son du film où elle partage l'affiche avec Rosanna Arquette), "Like a Virgin" est l'un des albums qui contribuera à définir la pop des années 80, et l'un des plus gros succès dans les charts de tous les temps. Avec 25 millions d'exemplaires écoulés à travers le monde, Madonna devient immédiatement la Reine de la Pop américaine.
"True Blue"
Comment confirmer dès lors une telle success-story, aussi bien critique que publique ? En étant plus ambitieuse, pardi ! Il faut dire que la Madonna de 1986 ne veut plus être cataloguée comme une post-ado rebelle. Inspirée par son mariage avec une autre jeune star émergente, un certain Sean Penn, Madonna veut s'imposer auprès d'un nouveau public, plus large, plus adulte. "True Blue" se veut l'album de la maturité, pour reprendre un poncif du genre. Les tonalités pop sont toujours là, mais la Madone y intègre de la musique classique, des sonorités acoustiques, mais aussi des influences latines, notamment cubaines. Abordant également des thèmes plus variés et plus lourds ("Papa Don't Preach" aborde par exemple les grossesses adolescentes), "True Blue" fait entrer Madonna dans le cercle des légendes de sa génération. Et le public, lui, est toujours au rendez-vous : "True Blue" se vend à nouveau à 25 millions d'exemplaires et laisse derrière lui une nouvelle flopée de tubes comme le single éponyme, "Open Your Heart" ou encore "La Isla Bonita".
"Like a Prayer"
À la fin des années 80, le statut de superstar de Madonna ne fait plus un pli. Mais la star va refermer la décennie sur un dernier chef-d'œuvre, celui de son quatrième album studio. La période n'est cependant la meilleure ni de sa carrière ni de sa vie personnelle. Elle vient de connaître son premier véritable échec avec le flop considérable du film "Who's That Girl" dont elle tient le rôle-titre en 1987. Son mariage avec Sean Penn bat de l'aile et débouche sur un divorce médiatisé en janvier 1989. Et l'année 1988 marque aussi son trentième anniversaire, qui plonge la star dans une période compliquée lui rappelant la mort précoce de sa mère, décédée alors qu'elle venait de fêter ses 31 ans ("Like a Prayer" lui sera dédié).
Mais après un break d'une petite année, la chanteuse décide de remonter dans l'arène avec un album particulièrement centré sur son rapport à la religion catholique dans laquelle elle a été élevée. Tout en conservant son style caractéristique, elle signe ici un album plus personnel et intime : "Promise to Try" évoque le décès de sa mère, "Oh Father" ses relations tendues avec son père et "Till Death Do Us Part" son récent divorce. Toujours aussi adroite pour secouer les consciences, Madonna crée un énorme scandale avec le sulfureux clip du single éponyme de l'album, "Like a Prayer" (censuré par la télévision américaine), puis celui de "Express Yourself". La star est alors au sommet de son art et de sa force transgressive, et son public en redemande, tout comme la critique qui encense l'album. "Like a Prayer" se vend à plus de quinze millions d'exemplaires dans le monde sur la seule année 1989 et devient le premier album de la star à atteindre la première place des charts en France. Madonna est au sommet de son art et s'impose pour de bon comme la seule et unique Queen of Pop.