Unholy War
C’est un fait rare chez des artistes de son âge, mais Jacob Banks réalise (ou du moins, co-réalise) une grande partie des clips de ses propres morceaux. Il s’agit là d’un héritage de ses débuts où, en autodidacte, le chanteur avait pris l’habitude de s’occuper d’absolument toutes les étapes de la production de ses titres, de l’écriture à la mise en images.
Preuve en est avec "Unholy War", l’un des morceaux de son troisième EP, "The Boy Who Cried Freedom", qui a grandement contribué à le faire connaître. Pour illustrer ce titre inspiré de sa propre vie, Banks décide de raconter dans de vastes paysages majestueux dignes d’un western l’histoire d’un père qui choisit, pour protéger son fils du danger, de l’envoyer loin de chez lui et d’une mort certaine. Un clip aussi poignant que le titre qu’il illustre.
Chainsmoking
Souvent métaphoriques et visuellement travaillés, les clips de Jacob Banks savent aussi parler du monde actuel avec tout autant de puissance. C’est notamment le cas de celui de sa chanson "Chainsmoking", autre titre de l’EP "The Boy Who Cried Freedom". Contemplative et hypnotique, la vidéo montre le chanteur et plusieurs autres personnages face à face à des policiers en tenue lourdement armée, après avoir été visiblement violentés.
Un homme et une femme noirs, un jeune homme blanc, une femme coiffée d’un foulard… Derrière ces visages, c’est la réalité des violences policières qui secouent le monde depuis de nombreuses années, amplifiées ces dernières années notamment par le mouvement Black Lives Matter. Un clip simple, percutant et malheureusement toujours autant d’actualité.
Unknown (to You)
Après le succès de "The Boy Who Cried Freedom", Jacob Banks enchaîne en 2017 avec son premier album studio, "Village". Et bien que le succès l’entourant grandisse au fil des mois, le chanteur reste fidèle à sa méthode et continue de prendre part directement au tournage des clips des singles de l’album. Preuve en est avec le premier d’entre eux, "Unknown (to You)".
Comme souvent chez le chanteur, la vidéo s’emploie à plonger au cœur des sentiments contradictoires, parfois violents, qui traversent sa musique. Ici, c’est à la relation compliquée d’un jeune homme avec son propre père que s’intéresse Banks, dans une vidéo qui évoque le deuil de la mère, les non-dits, et la difficulté parfois à communiquer entre hommes, même quand les circonstances l’exigent.
Be Good to Me
De violence, il est également question dans le clip de "Be Good to Me", duo avec la chanteuse suédoise Seinabo Sey et deuxième single extrait de "Village". Il y est d’ailleurs question de beaucoup des obsessions visuelles de l’artiste, tant le clip semble reprendre des motifs des précédents clips. On y retrouve ce goût aussi bien des grands espaces que des lieux industriels désaffectés plus inquiétants. "Be Good to Me" raconte l’histoire d’un homme retenu captif par d’inquiétants individus, cherchant à s’échapper à travers un champ dans une course-poursuite pleine de tension. Avec en prime en arrière-plan, derrière la violence de la scène, un commentaire sur le passé de l’esclavage. Comme toujours chez Jacob Banks, la forme se met au service du fond.