Quand Michael Jones devait remplacer Goldman
Toute naturelle et prolifique qu'est l'amitié entre les deux hommes aujourd'hui, celle-ci provient d'un coup du destin venu contrarier leurs plans initiaux. Fils d'un soldat gallois ayant pris part au Débarquement en Normandie le 6 juin 1944, et d'une mère normande, Michael Jones naît au pays de Galles en 1952 avant de passer son adolescence dans la région d'origine de sa mère. En 1978, il part sur Paris pour intégrer le groupe de rock progressif Taï Phong au sein duquel évolue depuis quelques années un certain Jean-Jacques Goldman. Formé par deux frères vietnamiens, Taï Phong compose et chante les chansons en anglais, ce qui n'est pas sans frustrer le très francophile Goldman. Lassé, le chanteur pense de plus en plus à quitter le groupe et ne souhaite plus prendre part à ses tournées. C'est ainsi qu'arrive au sein de la formation Michael Jones, initialement recruté... pour remplacer Goldman sur scène ! Cependant, les deux hommes vont très vite sympathiser et Goldman acceptera même de prendre part à l'enregistrement du dernier album de Taï Phong, "Last Flight", sur lequel Jones écrit deux morceaux. Les deux hommes ne se quitteront plus depuis, alors que leurs chemins n'auraient dû que se croiser.
Jones, l'homme de l'ombre qui entre dans la lumière
Il faut dire que le talent naturel de Michael Jones à la guitare en fait tout de suite un compagnon de route précieux des tournées de Goldman, qui l'entraîne avec lui dans ses aventures solos à partir de son troisième album, "Positif". Mais c'est un single en particulier qui fera connaître le nom de Michael Jones au-delà du cercle des connaisseurs : "Je te donne". Extrait de l'album suivant de Goldman, "Non homologué", le morceau est conçu comme un hymne bienveillant à la tolérance et au dialogue entre les cultures dans une époque politiquement marquée par l'émergence du Front national, dont Goldman s'alarmait. Non content de coécrire et composer le titre, Michael Jones l'interprète en duo avec son ami pour ce qui sera l'un des tubes de l'année 1985, restant huit semaines en tête du top 50. Depuis, Michael Jones a pris part à toutes les tournées et tous les albums de son ami, jusqu'à son dernier en date, "Chansons pour les pieds" en 2001, en parallèle d'une carrière solo bien chargée. Parmi les faits d'armes du duo, une prestation restée mythique sur la tournée "Un tour ensemble" au cours de laquelle les deux hommes reprennent "Envole-moi" sur une scène qui s'incline au fur et à mesure à 70 degrés.
Carole Fredericks, la rencontre déterminante
Impossible par ailleurs de ne pas mentionner le troisième nom indissociable du tandem Goldman – Jones : la regrettée Carole Fredericks, décédée en 2001. Née en Amérique avant de rejoindre Paris sur un coup de tête, elle devient dans les années 80 l'une des choristes les plus demandées de la variété française, travaillant notamment pour Serge Gainsbourg, Mylène Farmer, Sylvie Vartan et évidemment Jean-Jacques Goldman. Réuni par les tournées du chanteur, le trio Goldman – Fredericks – Jones prend définitivement forme en 1990 avec l'album éponyme, suivi trois ans plus tard de "Rouge". Les deux albums sont certifiés disques de diamant et laissent derrière eux les classiques "À nos actes manqués", "Né en 17 à Leidenstadt" ou "Juste après".