« Starmania », c’est d’abord l’histoire d’une rencontre celle de Michel Berger et de Luc Plamondon.
Le compositeur français, grand admirateur du parolier cAnadien, lui
indique qu'il souhaite collaborer avec lui. L'envie est semble t-il
réciproque.
Michel Berger , déjà à l’origine de l’album de Véronique Samson,
"Amoureuse" et du titre de Françoise Hardy , "Message personnel ", et
Luc Plamondon, qui compte alors à son actif de nombreuses compositions
pour les plus grands artistes cAnadiens dontDiane Dufresne , se lancent
dans l’écriture de « Starmania »…
Nous sommes en 1975, le premier opéra rock francophone est en train de
naître, une œuvre visionnAIRe et d’une actualité toujours aussi brûlante,
trente ans après sa création.
Terrorisme contre totalitarisme
Comédie musicale inspirée de la tragédie humaine, « Starmania » dénonce la lutte des pouvoirs pour la prise de Monopolis, la nouvelle capitale de l'Occident.
Ce combat se joue entre les Etoiles noires, avec pour chef de bande Johnny Rockfort, un dur au cœur tendre.
A ses côtés, Sadia, un travesti intriguant, qui perd progressivement de son aura auprès du leader de l’organisation et se tourne, par esprit de vengeance, vers son ennemi juré, Zéro Janvier. Parallèlement, le leader des Etoiles noires tombe amoureux de Cristal.
Présentatrice-vedette de l'émission télévisée «Starmania », elle vire de bord et devient la porte parole de Johnny Rockfort.
Pour abriter ces intrigues, l'Underground Café, le repère des Etoiles noires, et sa serveuse automate, Marie-Jeanne, éperdument amoureuse de Ziggy. Un jeune disquAIRe homosexuel et désoeuvré, qui prend finalement ses distances avec les Etoiles noires pour devenir le DJ du Naziland, une gigantesque discothèque tournante qui appartient à Zéro Janvier.
Zéro Janvier justement, qui n’est autre que l’opposant des Etoiles noires, un milliardAIRe qui entend prendre la présidence de l’Occident.
Retranché dans la Tour Dorée, un building de cent vingt et un étages, il développe une politique de retour à l’ordre.
Dans sa quête de pouvoir, il n’en oublie pas pour autant l’amour qu’il partage avec Stella Spotlight, un sex-symbol, nostalgique de la gloire et en quête d’immortalité.
Daniel Balavoine , France Gall ... Naissance de légendes
Trois années s’écoulent entre l’écriture et l’enregistrement de l’opéra-rock de Michel Berger et de Luc Plamondon .
La première version de « Starmania » voit le jour en 1978.
Pour ce premier album, sous titré «Starmania » ou la Passion de Johnny Rockfort selon les évangiles télévisés », les auteurs choisissent deux artistes cAnadiens, déjà confirmés : Diane Dufresne (Stella Spotlight) qui a, alors, plusieurs succès à son actif : " Tiens-toé Ben, j'arrive " ou encore « Opéra-Cirque ", et Claude Dubois (Zéro Janvier), déjà, reconnu pour : « Tu sais » ainsi que « Touchez Dubois ».
Pour camper Johnny Rockfort, celui qui est encore inconnu du public, un certain Daniel Balavoine .
Pour incarner Cristal, France Gall , qui deviendra, elle aussi, l’interprète que l’on connaît et l'épouse de Michel Berger .
La version originale compte également Éric Estève dans le rôle de Ziggy, Fabienne Thibeault dans celui de Marie-Jeanne, ou encore Nanette Workman dans celui Sadia.
Starmania , ça se chante et ça se danse
Ces artistes mais également le thème universel de cet opéra-rock vont largement contribuer au succès des chansons de Starmania .
Les titres : « Les uns contre les autres », « Le monde est stone », « Le blues du businessman », « Un garçon pas comme les autres », « La complainte de la serveuse automate », « S.O.S d’un terrien détresse », « Monopolis », " Quand on n'a plus rien à perdre " ou encore « La chanson de Ziggy » deviennent des tubes.
Le disque est sacré double album d'or en France. L’opus devient numéro 1 des ventes au CAnada.
Succès chez les disquAIRes, l’opéra-rock est également plébiscité sur scène.
Starmania est présenté, pour la première fois le 10 avril 1979, au Palais des congrès de Paris, avec une mise en scène de Tom O’Horgan. La comédie musicale rassemble une quarantaine d’artistes sur scène : chanteurs, danseurs, musiciens et choristes.
Pour interpréter Johnny Rockfort, Daniel Balavoine . Diane Dufresne reprend le rôle de Stella Spotlight, France Gall celui de Cristal,Fabienne Thibeault celui de Marie-Jeanne, Nanette Workman celui de Sadia. Étienne Chicot est Zéro Janvier, Grégory Ken campe Ziggy et Violette Vial la speakerine.
Un an plus tard, en 1980, « Starmania » se joue à la Comédie Nationale de Montréal avec une mise en scène d'Olivier Reichenbach. Gilles Valiquette est Roger-Roger, Robert Leroux : Johnny Rockfort, Louise Forestier : Marie-Jeanne, Sylvie BouCher : Sadia, Michel Mc Lean : Zéro Janvier, Martine St-Clair : Cristal, Jacques Blais : Ziggy et France Castel : Stella Spotlight.
Une longévité inégalée pour une comédie musicale
Le succès quasi immédiat de « Starmania » ne va pas se démentir au fil des ans.
Joué évidemment à Paris et au Québec, l’opéra-rock fait également l’objet de représentations à Moscou ou encore à Madrid.
En Allemagne, il est présenté à l'Opéra d'Essen, où c’est Jürgen Schwalbe qui est chargé de la mise en scène en 1991.
A Londres, « Starmania » devient « Tycoon ». Le livret est signé par Tim Rice.
Cindy Lauper (dont la chanson « The world is stone » se classe en tête des ventes aux Etats-Unis),Kim Carnes, Céline Dion, Tom Jones, Nina Hagen, Matt et Luke Goss, Willy Deville, Kevin Robinson, Ronnie Spector ou encorePeter Kingsbery participent à l’album qui sort en 1992.
A compter d’octobre 1993, une nouvelle version de « Starmania » est créée au théâtre Mogador avec une mise en scène de Lewis Furey et des costumes de Philippe Guillotel, celui-là même qui avait été sollicité pour les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques d'Albertville, un an plus tôt.
Après Mauranne ou Renaud Handson, cette nouvelle version, va, une fois encore, révéler de nouveaux talents dont Isabelle Boulay , qui incarne Marie-Jeanne, et de Bruno Pelletier, qui campe le personnage de Johnny Rockfort.
C'est Muriel Robin qui prête sa voix à Roger-Roger.
Cette version, récompensée en 1996 et 1997 par la Victoire de la musique du spectacle ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs, est montée dans les plus grandes salles parisiennes : au Palais des congrès, au Palais des Sports ou encore au Casino.
Pour marquer les 20 ans de la comédie musicale, un CD live du spectacle sort en 1998.
Dix ans plus tard, c’est le Grand Théâtre de Québec, qui crée une version opéra de " Starmania ", dans le cadre des célébrations du 400e anniversAIRe de Québec.
Une oeuvre toujours d'actualité
Trente ans après sa création, « Starmania » n’a rien perdu de son aura.
Pour preuve, année après année, l’œuvre de Michel Berger et de Luc Plamondon fait l’objet de nouvelles versions scéniques mais également discographiques.
Une prolificité qui s’explique par des thématiques qui demeurent d’actualité comme la manipulation médiatique ou encore la lutte des pouvoirs.
Autant de prophéties qui confèrent à Starmania et à ses auteurs, Michel Berger et Luc Plamondon , le statut de légende.
Caroline LeBenbojm