Talk Talk : Formation du groupe autour de Mark Hollis
Né à Londres le 4 janvier 1955, Mark David Hollis développe dans les années 1970 un intérêt pour l’écriture. De retour du travail, il note ses idées sur des bouts de papier, ne sachant pas encore quand il pourra mettre ses mots en musique. Son frère aîné, disc-jockey et producteur de groupes locaux, l’encourage à former son premier groupe. En 1977, Mark Hollis crée The Reaction, dont il devient le chanteur et parolier. Il enregistre "Talk Talk Talk Talk", mais le succès n’est pas au rendez-vous et le groupe se sépare deux ans plus tard. Pendant ce temps, deux amis de lycée, Paul Webb (basse) et Lee Harris (batterie), montent un groupe de reggae qu’ils baptisent Eskalator. En 1981, les deux acolytes auditionnent pour Mark Hollis, ce qui aboutit à la formation de Talk Talk. Par la suite, le groupe est rejoint par le claviériste Simon Brenner.
"The Party's Over" : premier album de Talk Talk
En juin 1981, Talk Talk enregistre ses premières démos, "Candy", "Mirror Man" et "Talk Talk", qui leur ouvrent les portes du label EMI. En 1982, "Mirror Man" sort dans les bacs, mais passe inaperçu. Ce n’est pas le cas de "Talk Talk" : sorti en avril 1982, ce remake du morceau de The Reaction, "Talk Talk Talk Talk", atteint la 52e place des charts britanniques. En juin 1982, le groupe enfonce le clou avec "Today", qui se classe à la 14e place. Le premier album de Talk Talk, intitulé "The Party's Over", paraît en juillet 1982. Le succès de ce premier opus synthpop est mitigé : l’album atteint la 21e place des charts britanniques, mais se classe 8e en Nouvelle-Zélande. Simon Brenner décide de quitter le groupe après l’enregistrement du single "My Foolish Friend". Il est remplacé de manière non officielle par Tim Friese-Greene. Même si ce dernier contribue à la composition, il ne se considère pas membre du groupe et ne participe pas aux concerts.
"Such a Shame" et succès international
Après le succès en demi-teinte de "The Party's Over", Talk Talk s'attelle à l’écriture de son deuxième album. En janvier 1984, le single "It’s My Life" sort dans les bacs. Mais c’est avec "Such a Shame", paru en mars 1984, que Talk Talk remporte un premier succès international. Le titre se classe numéro 1 en Italie et en Suisse et numéro 2 en Autriche et en Allemagne. Il fait aussi son apparition dans les charts américains. Entretemps, le deuxième album studio, intitulé "It’s My Life", devient disque d’or en France et en Allemagne. Malgré tout, Talk Talk reste boudé par le public britannique.
Le virage réussi de "The Colour of Spring"
Fin 1984, Talk Talk retourne en studio pour l’enregistrement de son troisième album. Le groupe prend des risques en limitant l’utilisation des synthétiseurs. Prenant ses distances par rapport à la synthpop, le trio fait appel à de nombreux musiciens additionnels, dont Robbie McIntosh à la guitare et Steve Winwood au clavier. Il faut attendre novembre 1985 pour voir la sortie de "Life's What You Make It". Ce single rencontre le succès dans de nombreux pays, y compris le Royaume-Uni, où il atteint la 16e place des charts. Le troisième opus du groupe sort en mars 1986. Intitulé "The Colour of Spring", il rencontre le succès auprès du public britannique, se classant à la 8e place des charts. L’album fait encore mieux aux Pays-Bas où il est numéro 1. Aux États-Unis, "The Colour of Spring" ne se vend pas aussi bien que les deux premiers albums, atteignant la 58e place de l’US Billboard 200. Durant l’été 1986, Talk Talk se produit dans les grands festivals européens. Leur performance au festival de Montreux sortira en 2008, sous le nom de Live at Montreux 1986.
"Spirit of Eden", toujours plus loin dans l’expérimentation
Avec "The Colour of Spring", Talk Talk a amorcé avec brio son changement de style. Le succès commercial du troisième album les pousse à aller plus loin dans l’expérimentation. Durant des mois, Mark Hollis et Tim Friese-Greene se laissent aller à des improvisations, mêlant rock, jazz, musique classique et ambient. Les sessions d’enregistrement débutent en 1987 et ne s’achèvent qu’un an plus tard. Elles aboutissent à la sortie de "Spirit of Eden", en septembre 1988. Ce quatrième album est un véritable ovni, considéré comme l’une des pierres fondatrices du post-rock. Acclamé par la critique, "Spirit of Eden" atteint la 19e place des charts britanniques. Il marque néanmoins la rupture du groupe avec EMI et le départ de Paul Webb.
"Laughing Stock", post-rock et séparation
En 1990, Talk Talk signe chez Polydor, tandis que leur ancien label sort la compilation "Natural History". Avec le succès international de ce disque, EMI fait paraître "History Revisited: The Remixes" en 1991. Talk Talk attaque EMI en justice pour avoir autorisé sa musique sans permission et obtient gain de cause. En septembre 1991, le groupe sort son dernier album : "Laughing Stock". Toujours aussi expérimental, cet album est considéré comme un chef-d'œuvre post-rock. Malgré les louanges de la critique, le groupe décide de se séparer la même année. Mark Hollis affirme alors vouloir se consacrer à sa famille. Il sortira un album éponyme en 1998 et mourra d’un cancer en 2019. Les deux autres membres de Talk Talk, Paul Webb et Lee Harris, forment le groupe .O.rang en 1992.