Une voix inaudible et un physique difficile... En dépit de critiques acerbes, qui marquent son début de carrière, Charles Aznavour , qui a toujours bénéficié du soutien indéfectible du public, demeure en haut de l'affiche.
La force des interprétations et des textes de ce monument du music hall rassemblent nombre de générations.
Les plus grands artistes américains reprennent également ses succès de Ray Charles à Fred Astaire en passant par Shirley Bassey et Bing Crosby .
En 1924, la famille Aznavourian est en France dans l'attente d'un visa pour les Etats-Unis lorsque Knar donne naissance à Charles. Son père, Micha, décide alors de s'établir dans l'hexagone.
C'est à Paris, rue de la Huchette, que cet ancien baryton ouvre un restaurant arménien dans lequel il chante pour les exilés mais également pour les artistes qui aiment à se retrouver dans cette ambiance qui mêle musique et théâtre.
Baigné dans ce milieu, Charles Aznavour est inscrit à l'Ecole du Spectacle.
Dès ses 9 ans, il multiplie les auditions en quête de rôles de figurants.
En 1933 il joue dans " Emile et les détectives".
Deux ans plus tard, il est dans "Beaucoup de bruit pour rien".
En 1939, après le départ de son père pour l'armée, Charles Aznavour quitte l'Ecole du spectacle pour travailler.
La rencontre avec Piaf
Deux ans plus tard, il fait une rencontre déterminante avec Pierre Roche.
Avec le jeune compositeur, il se produit en duo dans les cabarets parisiens.
A la faveur de leur notoriété, les deux hommes se lient d'amitié avec Charles Tr enet et Edith Piaf .
La "Môme" les entraîne dans son sillage. A la fin des années 40, ils rejoignent la chanteuse aux États-Unis avant de se produire à Montréal durant plusieurs mois.
De retour en France, sans Pierre Roche qui s'est marié aux Etats-Unis, Charles Aznavour chante sans grand succès.
En revanche, il connaît un large succès en écrivant pour les autres : MiStinguett, Maurice Chevalier, Patachou, ou encore Edith Piaf pour qui il adapte le titre américain "Jezebel".
"Je hais les dimanches" interprétée par Juliette Gréco , obtient le prix de la Sacem en 1952.
Fort de la trentaine de chansons qu'il compte à son répertoire, Charles Aznavour est sur la scène de l'Alhambra puis de l'Olympia en 1954. Le public est conquis.En revanche, les critiques sont loin d'être dithyrambiques malgré des titres aussi marquants que "Sur ma vie" ou encore "Après l'amour", un titre jugé sulfureux qui est interdit sur les ondes.
Carrière cinématographique
Pour autant la France ne cesse de "s'aznavouriser". Chanteur à succès, Charles Aznavour est également un acteur reconnu. Il tourne sous la direction de Jean-Pierre Mocky, "Les dragueurs" en 1958 et "La tête contre les murs" de Georges Franju, un an plus tard qui lui vaut d'ailleurs le prix d'interprétation du cinéma français.
François Truffaut lui offre également le rôle principal dans "Tirez sur le pianiste" en 1960. L'année suivante, il est aux côtés de Lino Ventura dans "Un taxi pour Tobrouk" de Denys de la Patellière.
Cinéma ou Chanson , Charles Aznavour mène désormais de front une carrière internationale.
Il part en tournée en Arménie, en Turquie, en Grèce, en Afrique noire, en URSS et naturellement aux États-Unis, où il se produit sur la prestigieuse scène du Carnegie Hall à New-York.
En 1965, il choisit une nouvelle fois l'Olympia pour son retour. Le public applaudit "La Mamma" et plus tard "La bohème", tirée de sa comédie musicale "Monsieur Carnaval" avec Georges Gueary et Jean Richard.
"Le temps, le temps, le temps et rien d'autre"
Alors qu "Hier encore" est sur toutes les lèvres en 1970, Charles Aznavour, qui sort ses mémoires "Aznavour par Aznavour", s'installe aux Etats-Unis.
Resté proche des réalités sociétales, l'artiste se penche sur la violence avec "Le temps des loups" en 1970.
Charles Aznavour se Passionne pour l'histoire tragique de Gabrielle Russier, une professeure de lettres qui entretient une liaison amoureuse avec un jeune élève et finit par se suicider.
De ce fait divers naît en 1971 la Chanson "Mourir d'aimer", qui accompagne d'ailleurs le film éponyme d'André Cayatte.
En 1973, avec "Comme ils disent" il n'hésite pas à aborder un thème aussi délicat qu'audacieux, l'homosexualité.
Victime d'un accident de ski, l'année précédente, il écrit avec Georges Garvarentz , "Douchka" pour Marcel Merkes et Paulette Merval.
En 1975, à l'occasion du 60éme anniversAIRe du génocide arménien, Charles Aznavour chante "Ils sont tombés" de New-York à Londres et à Paris évidemment où il se produit une nouvelle fois à l'Olympia en 1976. Parmi ses nouvelles Chansons, "Voilà que tu reviens", "Par gourmandise", "Mes emmerdes" et "Merci Madame la vie".
Son enGagement pour l'Arménie
Après l'écriture du scénari o de "Yiddish Connection" de Paul Boujenah et la sortie d'un nouvel album qui contient "Les émigrants", "Embrasse moi" et "Toi contre moi" en 1986, Charles Aznavour connaît une tournée triomphale aux côtés de Pia Zadora aux États-Unis l'année suivante.
Sensibilisé par le tremblement de terre, qui fait 50.000 victimes en Arménie en 1988, Charles Aznavour réunit quatre-vingt-dix chanteurs et comédiens pour la Chanson "Pour toi Arménie". Un engagement qui lui vaut d'être nommé ambassadeur permanent en Arménie par l'Unesco.
Un succès toujours bondissant
L'année suivante, il réenregistre à Londres ses principaux titres qui sortent en trois volumes : "L'éveil", "L'élan" et "L'envol".
Après son récital au Palais des Congrès avec Liza Minnelli , c'est la parution de son deuxième ouvrage, "Des mots à l'affiche" en 1991.
Nostalgique, Charles Aznavour rachète en 1992 le catalogue de la société d'édition phonographique Raoul Breton qui comprend notamment les oeuvres de Charles Trenet et Edith Piaf
Une opération qui lui offre la possibilité d'un duo virtuel avec la chanteuse : "Plus bleu", un titre qui lui avait écrit en 1951.
Féru de jazz, Charles Aznavour reprend quatorze de ses succès sur un rythme jazzy. Il s'entoure des meilleurs artistes du genre, Michel Petrucciani ou encore André Ceccarelli.
60 ans de carrière
Le chanteur revient à la comédie musicale. "Lautrec", consacrée au peintre voit le jour à Londres en 2000. Dans le même temps, sort "Aznavour 2000" qui compte douze nouvelles chansons, dont "Qu'avons-nous fait de nos vingt ans ?" et "Quand tu m'aimes" qui sont interprétées sur la scène du Palais des Congrès en 2001, après des représentations en Suisse et en Belgique.
2003 est une année particulière prolifique puisque après la sortie de ses mémoires, "Le temps des avants", c'est un nouvel album qui est disponible. "Je voyage" comprend un duo avec sa fille, Katia, qui l'accompagne déjà lors de ses concerts. Le chanteur s'essaye également sur ce disque à des rythmes nouveaux, le fado avec "Lisboa", la salsa avec "Il y a des trains" et le swing avec "Quelqu'un de différent".
L'année suivante, Charles Aznavour fête ses 80 ans et ses 60 ans de carrière sur la scène du Palais des Congrès. 2004 est également marquée par la sortie de l'album "Insolitement vôtre" qui rassemble plusieurs de ses amis, Serge Lama , Annie Cordy et une fois encore sa fille Katia.
Charles Aznavour "colore la vie"
Fin 2006, l'artiste entend complètement changer de registre, ou presque. Il part pour la Havanne enregistrer avec Jesus "Chucho" Valdès, l'une des figures les plus importantes du jazz, un album mêlant sa voix chaude et le son cubain.
"Colore ma vie", sorti en février 2007, se veut un album engagé. L'artiste évoque des thèmes encore jamais abordés : l'écologie avec "La terre se meurt", il assène également quelques vérités bien senties avec "Moi, je vis en banlieue". Le titre "J'abdiquerai" sonne comme un épilogue à "Je m'voyais déjà" et fait écho à ses adieux entamés à l'Etranger.
Des titres que Charles Aznavour reprend sur la scène du Palais de Congrès d'octobre à novembre 2007.
Témoin de sa renommée, la comédie musicale, "J'me voyais déjà", qui rend hommage au Grand Charles en reprenant quelques uns de ses classiques sur la scène du Théâtre du GymNase d'octobre 2008 à janvier 2009.
Des collaborations avec les plus grands artistes internationaux
Auteur de plus de 800 morceaux, la légende de la chanson française revient avec un nouvel opus en décembre 2008. Les plus grandes stars internationales se pressent pour chanter à ses côtés dans cet album, "Duos".
Johnny Hallyday interprète notamment "Il faut savoir ",Paul Anka "Je n'ai pas vu le temps passer", Liza Minnelli "Quiet love", Nana Mouskouri "Mourir d'aimer".
Pour succéder à « Duos », Charles Aznavour sort fin 2009, « Charles Aznavour & the Clayton Hamilton jazz orchestra », un opus évidemment résolument jazzy.
Enregistré dans les mythiques studios de la tour Capitol d’ Hollywood, prisés notamment en son temps par Dean Martin ou encore Franck Sinatra, cet album porte également la marque de l’arrangeur et contrebassiste, John Clayton.
Parmi les quatorze titre, des incontournables de Charles Aznavour , comme « La bohème », « A ma fille » ou encore « Comme ils disent », ainsi que deux inédits.
A noter également des duos avec Rachelle Ferrell et Dianne Reeves.
Cette fin d’année 2009 marque également la sortie de son livre « A voix basse » (Editions Don Quichotte) dans lequel l’interprète revient sur son parcours artistique et personnel.
Charles Aznavour est attendu sur la scène de l'Olympia à l'automne 2011.
Un artiste à part
A plus de 80 ans, Charles Aznavour n'a rien perdu de sa superbe voix. Témoin privilégié de notre quotidien, il demeure un observateur éclairé de notre société. Artiste accompli, il ne semble toujours pas avoir son égal pour interpréter l'amour et immortaliser le temps qui passe, ses deux thèmes de prédilection.
Le 29 août 2011, il sort un nouvel album, Aznavour toujours. Il enchaîne avec un mois à l'Olympia, avant de partir en tournée à travers toute la France.
Caroline LEBENBOJM